Vacances de février Agna, puis Dikhil


 «1ère fois »
11 :00 am. Je suis tranquillement installé sur la terrasse d’un bar à jus de fruits en ville quand je reçois un texto de Cyril : « Michel m’a appelé, le camion sera prêt d’un instant à l’autre ». Un cul sec de goyave mangue et 10 min plus tard, je suis à la mission. Je récupère mon sac, Cyril, et c’est partit ! Direction le port pour prendre un camion en partance pour l'Éthiopie. On descendra un peu avant la frontière, à Galafi.
 
Le camion, c’est ma 1ère fois. Le chauffeur (j’ai oublié son nom) parle un peu anglais, il est très sympa. Je suis assis sur la couchette arrière, Cyril copilote. 


 Après ¾ d’heure de route on quitte les coins que je connais. On traverse un désert, le « petit BARA » puis un grand, le « grand BARA » . Le désert, c’est ma 1ère fois.


 Passage à Dikhil, le chauffeur nous paie un coca et plus important, un plat de pâtes avec sauce qui pique. 





 80 km plus loin, traversée de Galafi puis arrivée au poste de frontière. Je réveille Cyril qui a trouvé comment utiliser la couchette.


 Le temps de récupérer les affaires, de dédommager le chauffeur, nous avons passé le poste de douane. Bon, on descend, on fait demi tour, et on se dit que ça serait bien de trouver une âme charitable qui veuille bien nous héberger. Seulement c’était sans compter sur le pseudo douanier, en fouta et marcel qui nous siffle quand on passe devant sa guérite. Selon lui c’est dangereux ici, bla bla bla, ils sont en alerte depuis 3 jours, et il croit qu’on vient d’Ethiopie…Bon, il veut nous renvoyer à Dikhil, on négocie Yoboki, le lieu de notre expédition. Donc bus vers Yoboki, 30min de trajet. On met un peut d’eau minérale dans le radiateur, finalement on s’arrête dans un routier. 




 Les passagers s’installent et commandent à bouffer. Nous on attend, stoïques, on se dit qu’on mangera à Dikhil, le bus va bien réussir à repartir ! Vers 8 heures du soir, on se met à la recherche du chauffeur. Je le trouve dans le bus, sous le capot. C’est mort pour repartir. En même temps, il m’apprend qu’on se trouve à 1km de Yoboki. Donc tout n’est pas perdu. On commande à manger, des pâtes avec sauce qui pique, et un coca. 


 L’hébergement est gratos, c’est sous la taule dans l’arrière boutique. 6 personnes vont faire comme nous. On a droit à un matelas parce qu’on est blancs. Pour les moustiques, il y a le drap qu’on a amené.  Bonne nuit !


 Le lendemain, pas de coq pour le réveil : les camions sont là. On prend conscience de ce que ça représente 300 camions par jour dans un sens et pareil dans l’autre. On rassemble les affaires, moins la carte détaillée (elle est dans la couchette du camion), et on décolle. On constate que les camions qu’on croise sont sympas, ils nous font coucou et tout. Ça rassure pour le retour, on devrait pouvoir se faire prendre en stop facilement.


 Il nous reste une carte, un peu moins détaillée. Pour trouver le départ de la piste on compte les oueds, ça nous donne une idée de la distance à parcourir. Seulement ça correspond moyennement avec ce qu’on voit.



 Puis on se rend compte qu’il y a des bornes kilométriques. Ça nous aide, mais la piste n’est pas là où elle devrait l’être. Tant pis, on sait où on va : plein ouest, dans le désert, direction la palmeraie Agna. 







  Donc on coupe tout droit, on va bien croiser la piste plus tard. Après quelques cicatrices dues aux acacias et quelques goutes de sueur en moins, on commence à trouver le temps long.


 Au bout d’un moment, il n’y a même plus d’acacias, juste de la terre craquelée à perte de vue. C’est ma 1ère traversée du désert, à pied.   




 Heureusement, on aperçoit la poussière d’un 4x4. Il passe 20 m devant nous sans s’arrêter. Je sais qu’on a l’air de vrais vétérans du désert, mais quand même…  Au moins maintenant on sait où est la piste. Ça motive un peu plus de marcher sur une piste. 


 20 min plus tard, on croise notre cher 4x4. Ce sont des touristes. Ils ralentissent à notre niveau, merci, mais ne baissent pas la fenêtre et ne nous demandent pas si tout est ok. Après tout on s’en fou, on n’est pas venus là pour taper la discute à des touristes français. Mais bon…   




 ¾ d’heure plus tard, la piste décrit une jolie boucle puis revient sur ses pas. C’est comme qui dirait un cul-de-sac ! Nos amis en 4x4 on juste oublié de nous dire que la piste qu’on suivait faisait demi-tour. Sympa la France ! 


 Plutôt que de revenir sur nos pas, on décide une nouvelle fois de couper tout droit. 
Bon je sais les photos ne correspondent pas toujours, mais dans les moments difficiles  on a comme qui dirait l'esprit ailleurs.


 
Deux bonnes heures plus tard, on arrive enfin dans la palmeraie. Elle est interminable, il est pas loin de midi et on a chaud. 

 
Le point d’eau est introuvable. Heureusement un papi afar nous accoste. Il nous dit « chef », on lui répond « agna », il nous fais signe de le suivre. Cool ! Il nous amène à un trou d’eau, nous file chacun un jerrican d’eau marron. Par réflexe, et pour ne pas le vexer, on boit quelques gorgées. C’est ma 1ère fois. Il nous regarde avec une drôle de tête et nous fais comprendre que c’est de l’eau pour s’asperger le visage. Bah c’était pas écrit dessus, il avait qu’à le dire avant, et nous, on avait soif. Le chef nous amène ensuite à une sorte de dolmen (selon moi) ou salle des fêtes (selon Cyril) constitué de rondins de palmiers.


  Il y a de l’ombre, ils nous filent de l’eau (claire cette fois), et on nous dit de dormir. Après tout, c’est l’heure de la sieste, et on est plutôt fatigués.

 Au réveil, le chef nous amène des sortes de hot-dogs (vus de loin). De près ça se révèle être deux morceaux de pain avec plein de dattes dessus.  C’est mon 1er sandwich de dattes. Elles sont vraiment très bonnes. Le pain est juste un peu plus rassis que celui qu’on nous donne à la mission. Autant dire du béton. 


 Après ce 1er repas de la journée, le chef nous emmène à Agna. Parce que c’est pas le tout, mais c’était quand même notre objectif au départ. On marche 20 min et on arrive à un point d’eau. Des gens se lavent, des bêtes s’abreuvent. 

 Sympa. Le chef nous dit de nous arrêter, il va pisser un peu plus loin. Il revient torse nu et commence à la ver sa chemise, à se laver la tête. On commence à se dire que c’est une manie chez lui. Il entre carrément dans l’eau, nous dit d’en faire autant. Bon, ok, elle est cristalline, c’est plutôt tentant par cette chaleur. 



 Mais, surprise, l’eau est brulante ! On peut se mettre dedans mais ça pique un peu les coupures d’acacias. C’est mon 1er bain dans une source volcanique. Après c’est vrai qu’on se sent mieux. Aux deux sens des thermes. 



  On réalise tout à coup qu’on a traversé Agna. C’est juste des bosquets de palmiers avec une « daboïta » (hutte en branches de palmiers) tous les 200 mètres.  On ne s’attendait pas à trouver un gros village, mais là c’est quand même un peu léger. En fait on a tout vu. On retourne sur nos nattes dans la « salle des fêtes ». La nuit approche. Les moustiques aussi. 


Vers 19h on nous apporte une grosse boite emballée dans du tissu. Elle contient des dates, du pain et des fourmis. Avec la lampe frontale ce n’est pas facile de les repérer. C’est peut être bien leur seule source de protéines par ici. 





Le chef nous apporte aussi une bouteille de « douma ». L’alcool de palme vanté par J. Kessel dans Fortune carrée. C’est pétillant, pas trop alcoolisé, mais fort en goût. Ca se boirait tout seul si il n’y avait pas autant de mouches fourmis et un asticot dedans. Encore une fois on se dit qu’ici on mage de tout. 1ère fois que je mange un asticot (la fourmi et la mouche je ne peux pas dire). Une fois la bouteille terminée le chef nous quitte, on va se coucher.




7h du matin, le chef arrive. On lui rend la boite avec les dattes, il racle ce qu’il reste au fond. Moi aussi. Départ pour Ougdini, l’autre « village-point » d’eau de la région. C’est à 6 km au sud de la palmeraie. Le chef nous montre la route à suivre.






On croise d’autres afars, avec des cheveux bouclés, des couteaux, des bâtons et du douma. Il semble que le chef nous guide jusqu’à Ougdini finalement.


 Là bas on arrive directement sur le point d’eau. Un troupeau de chèvres arrive juste, c’est joli. Il y a aussi une fille presque nue qui se lave dans l’eau à coté d’un mec. La pudeur islamique ne semble pas avoir atteint ces régions. Nous on remplit nous gourdes et on se dit qu’on reviendra le soir pour voir des bêtes sauvages.
 






Ici pas de salle des fêtes, on nous installe à l’ombre d’un bosquet de palmiers.




Les fruits qu’on fait tomber en lançant une tête de dromadaire (1ère fois) sont comestibles. Il faut bien 10 min pour enlever l’écorce avec les dents, ça fait passer l’après-midi.

On boit du douma avec des jeunes en échange des cigarettes de Cyril.


Je vais faire un petit tour, 20 min, mais après la journée d’hier j’ai encore mal partout, la flemme. Le soir on retourne au point d’eau, mais il y a encore plus de monde que le matin, donc pas d’animaux sauvages.








Pour la nuit on installe la moustiquaire (la tête dessous, les jambes dépassent avec le pantalon). Une fois qu’on est bien couchés et résignés à la diète, des gens arrivent presque en même temps de deux endroits différents avec de quoi manger. Du riz, des galettes, des haricots blancs et de la sauce. C’est la fête !

6h30 on décolle direction la civilisation. En sortant du village on passe par le point d’eau pour remplir une bouteille vide. C’était sans compter sur la générosité des Afars qui nous prennent la bouteille et la ramènent pleine de douma.

Il nous accompagnent jusqu’au désert et nous montrent la direction. Une heure et une bouteille de douma plus tard, on n’est pas fatigués. Je rigole un peu tout seul. Il est 7h30, c’est la 1ère fois que je suis bourré aussi tôt (et c’est pas un reste de la veille). La traversée du désert se fait toute seule. 










On arrive finalement sur la nationale qui relie Djibouti à Addis-Abeba. Le camions sont toujours aussi sympas, ils klaxonnent, font des grands signes de la main…mais ne s’arrêtent pas. J’avoue avoir un peu la flemme de faire les 7 km de route qui nous séparent de Yoboki à pied. Un 1er camion s’arrête, puis repart quand on arrive à 10m de lui. Un 2nd arrive et c’est le bon.

Le chauffeur est lui aussi très sympa, on s’arrête pour manger dans un autre routier. Il n’y a que des Ethiopiens ici. On veut lui payer le repas mais ils n’acceptent pas la monnaie Djiboutienne (la frontière est pourtant à plus de 100 km). C’est donc le chauffeur qui paie. Pour se racheter on lui prend du khat (là ils acceptent les francs djib), et on se prend une botte chacun. Dans le camion on broute notre herbe, c’est pas mauvais. Enfin on arrive à Djibouti. On finit en minibus, le camion doit régler des papiers avant d’entrer dans le port. Nous on se retrouve à marche en ville avec notre reste de khat. On est un peu l’attraction de l’après midi, c’est plutôt rare les européens qui broutent. Et c’est ma 1ère fois !

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